Le traitement du cancer de l’adolescent et du jeune adulte s’est considérablement amélioré et les avancées de la médecine ont permis une augmentation du taux de guérison. Même si l’annonce des traitements est lourde et qu’il est difficile dans ces moments de se projeter dans le futur, il est important de penser à l’après. La possibilité de devenir un jour parent est une vraie préoccupation pour les malades atteints d’un cancer du testicule. Il est essentiel que les patients prennent connaissance des moyens de préserver leur fertilité avant de débuter leurs traitements.
QUELLES SONT LES CONSÉQUENCES POTENTIELLES DES TRAITEMENTS SUR LA FERTILITÉ ?
Les traitements entrepris pour combattre le cancer peuvent se traduire par un recours à la chirurgie, radiothérapie et /ou chimiothérapie. Ils visent à tuer les cellules cancéreuses en évitant, autant que possible, de détruire les cellules saines. Les traitements peuvent altérer la fonction de reproduction et provoquer une perte provisoire ou permanente de fertilité.
Le risque de stérilité dépend du traitement, de sa durée, et des doses utilisées. Il est par ailleurs très variable d’un individu à l’autre. Ce risque dépend de la tolérance au(x) traitement(s) des cellules souches qui produisent les spermatozoïdes. Des contrôles réguliers de sperme après une longue période suite à la fin du traitement permettent de vérifier l’évolution de la production spermatique.
EST-IL POSSIBLE DE PRÉLEVER ET CONSERVER DU SPERME POUR LE FUTUR ET DANS LE BUT DE PRÉVENIR UN PROBLÈME ÉVENTUEL D’INFERTILITÉ ?
Grâce aux évolutions de la médecine et de la biologie de la reproduction, il est possible de préserver la fertilité des patients avant la mise en route des traitements du cancer. L’oncofertilité est le domaine de la médecine dédié à la préservation de la fertilité chez les personnes atteintes de cancer.
La conservation des spermatozoïdes à travers la congélation de sperme est une option accessible et souvent efficace pour les jeunes adolescents et les hommes adultes.
LES DÉMARCHES DE PRÉSERVATION DE LA FERTILITÉ
La conservation des spermatozoïdes est une méthode efficace de préservation de la fertilité masculine. Mise en place dès les années 70, cette technique consiste à prélever les spermatozoïdes du patient avant toute exposition à la toxicité des traitements du cancer et à les congeler en vue de leur utilisation ultérieure.
Qui peut entreprendre des démarches pour préserver sa fertilité ?
En cas de diagnostic de cancer ou avant de débuter tout traitement pouvant compromettre la fertilité, il est possible de préserver la fertilité chez l’homme adulte et chez l’adolescent post pubère.
Quand doit-on procéder à la préservation de la fertilité ?
Il est recommandé d’entamer la procédure de préservation de la fertilité avant d’entamer les traitements de chimiothérapie ou de radiothérapie et/ou l’intervention chirurgicale afin de conserver des spermatozoïdes d’une meilleure qualité. Les laboratoires habilités à réaliser ce type de prélèvement sont capables de travailler en urgence, même quelques jours avant le début du traitement.
Comment se déroule le prélèvement de sperme ?
Tout patient souhaitant préserver sa fertilité doit prendre rendez-vous dans un laboratoire ayant l’autorisation pour congeler et conserver le sperme.
- Consultation préalable
Lors du rendez-vous à l’hôpital ou à la clinique, le patient pourra bénéficier d’informations sur les modalités de conservation et d’utilisation de son sperme. Un consentement précisant les modalités de cette conservation, devra être signé par le patient.
- Réalisation du prélèvement de sperme
Le sperme est recueilli par auto-masturbation dans une salle prévue à cette fin, puis acheminé au laboratoire. Lorsque les délais le permettent, il est recommandé de respecter auparavant un délai d’abstinence sexuelle de 2 à 3 jours. Il est recommandé de pouvoir réaliser plusieurs recueils de sperme pour constituer un stock suffisant si toutefois les délais de mise en œuvre du traitement le permettent.
En cas d’impossibilité de prélèvement de sperme ou dans certains cas particuliers (atteinte de la moelle épinière, paraplégie, masturbation non effective), des techniques d’aide au recueil de sperme telles que le vibromassage ou l’électrostimulation peuvent être proposées. De plus, il est possible de procéder à une intervention chirurgicale pour aller prélever le sperme directement à partir de l’épididyme (Ponction transcutanée épididymaire appelée PESA) ou du testicule (extraction du sperme testiculaire appelée TESE).
- Analyse du prélèvement
Le prélèvement est analysé pour vérifier différents paramètres : volume de l’échantillon, concentration du sperme, morphologie normale des spermatozoïdes, motilité des spermatozoïdes. Une analyse sérologique est également nécessaire avant de pouvoir congeler l’échantillon.
Si après analyse la qualité de l’échantillon est jugée insatisfaisante, il se peut qu’il soit nécessaire de recueillir un deuxième échantillon de manière à optimiser les chances de réussite de la congélation.
- Congélation de l’échantillon
Le prélèvement recueilli est préparé et soumis à un traitement avec des agents cryoprotecteurs avant d’être ensuite conditionné dans des paillettes. On procède ensuite à sa congélation en respectant un processus de diminution progressive de la température jusqu’à -196°C (température à laquelle cessent toutes les fonctions biologiques connues de la cellule). Finalement, l’échantillon sera définitivement conservé dans de l’azote liquide et stocké en toute sécurité jusqu’à son utilisation.
Combien de temps les échantillons peuvent-ils être conservés ?
Une fois congelé, le sperme peut être conservé aussi longtemps que le patient le désire, sans altération du pouvoir fécondant.
Chaque année, le patient doit renouveler son souhait de poursuivre ou non la conservation de ses échantillons. À tout moment, le patient peut demander à mettre fin à la conservation. Les produits conservés seront par conséquent détruits ou si le patient y consent, utilisés dans un cadre de recherche.
Quel est le coût du prélèvement et de la conservation des échantillons ?
Pour les résidents québécois, les coûts relatifs à la congélation du sperme d’un homme qui doit subir des traitements pouvant nuire à la production de spermatozoïdes sont couverts par le programme québécois de procréation assistée. Ces services publics sont accessibles gratuitement dans les hôpitaux et dans les cliniques privées.
Pour en savoir plus, visiter le site de Santé Québec.
Dans le reste du Canada, il n’y a pas de couverture et les prix sont fixés individuellement par les cliniques. Il est nécessaire de communiquer avec une clinique spécialisée dans les traitements de l’infertilité pour connaitre les tarifs.
OÙ SE RENDRE POUR RÉALISER UN PRÉLÈVEMENT POUR PRÉSERVER SA FERTILITÉ AVANT UN TRAITEMENT ?
Plusieurs centres offrent les services de prélèvement et de conservation des échantillons de sperme : http://www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/compli-conform/info-prod/don/can_semen_est-eta_can_sperme-fra.php
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Source : Adaptation d’une brochure d’information de la Clinique Ovo, Montréal.